Ma quête de vision – 1er partie

À la suite de ma quête de vision, j’ai eu envie de partager mon expérience avec vous. À la fois pour vous faire découvrir ce rituel chamanique transformateur, mais aussi, pourquoi pas, vous donnez envie vous aussi de faire votre propre expérience de quêteur.

Il n’y a pas deux quêtes identiques, chacun vivra son expérience en fonction de ce qu’il recherche à travers la quête, ses appréhensions, ses peurs, sa maturité. Ainsi, je ne vais pas vous narrer ce que doit être une quête de vision. Juste vous apporter un témoignage de ce que j’ai vécu. Mais tout d’abord, qu’est-ce qu’une quête de vision ?

La quête de vision

Dans toutes les traditions chamaniques à travers le monde existe un rituel qui s’en rapproche. D’autant plus chez les Lakoto dont la quête de vision est un des rituels initiatiques les plus importants de leurs enseignements chamaniques, un véritable rite de passage pour eux. Par exemple, il marquait la transition de l’adolescence à l’âge adulte.

En fin de compte, la quête de vision est une expérience riche et captivante, offrant une véritable connexion avec soi-même. En effet, ce voyage solitaire permet une pause dans le temps pour se recentrer sur soi, en se connectant à son être intérieur.

Par ailleurs, dans les traditions ancestrales, tout est interconnecté, et être en paix avec soi-même conduit à l’harmonie avec les autres et notre environnement. D’ailleurs cette harmonie, essentielle à préserver, implique le respect du monde qui nous entoure. En définitive, la quête de vision enseigne l’art d’« être » plutôt que « d’avoir » ou « faire »

Pourquoi avoir fait ce rituel ?

L’appel se faisait sentir depuis un bon moment déjà, mais c’est vraiment cette année, avec mes 50 ans, que tout s’est mis en place pour que je la fasse. Au mois de mai, accompagné dans cette démarche par ma compagne qui m’a encouragé dans ce voyage initiatique, j’ai cherché où le faire quand, comme une évidence, Grand Ours s’est présenté à moi.

Cela faisait un moment que je souhaitais participer à un de ses stages chamaniques. Et là sur son site, voilà que je vis qu’une quête de vision était organisée en juillet, pile lors d’une semaine où j’étais disponible, et en plus il restait plus qu’une place. La mienne ! Financièrement, j’étais ric-rac, mais j’avais confiance à l’Univers pour me donner un petit coup de pouce. Finalement je réussis à réunir la somme. Gratitude pour cette abondance, et en avant pour la quête !

Durant Les 2 mois entre mon inscription et cette semaine magique, j’ai fait au moins 37 quêtes de vision dans ma tête. Cependant, je savais que la réalité serait complètement différente de ce qu’a pu imaginer mon mental. Et en parlant de mental, c’est un peu pour le mettre en veilleuse que je souhaitais faire cette quête. Mon objectif était de lâcher-prise, de me libérer de ce mental pour être plus dans le ressenti, dans l’ouverture du cœur et développer ma part de féminin sacré en moi.

Premier round : Arrivée sur place & première nuit

J’arrive dimanche en début d’après-midi chez Grand-Ours, accompagné d’Alexandre, un autre quêteur récupéré en route à Lyon. Les autres participantes arrivent au compte-goutte. Et comme à chaque fois pour des stages bien-être ou chamanique, les hommes sont en minorités. Nous ne sommes que 2 pour 14 femmes lors de ce stage. Elles sont plus courageuses que les hommes !

Tout le monde étant là, Grand Ours et Cédric, son assistant sur ce stage, nous distribuent tentes et hamacs et nous voici parti dans la forêt près de chez Grand-Ours pour trouver l’endroit qui sera mon lieu de villégiature pendant les 4 jours de jeûne. Me laissant guider, je finis par me poser mes affaires dans un coin tranquille et dégagé, prêt d’une petite rivière et d’un beau et grand chêne.

Après l’installation des campements, nous nous retrouvons chez Grand-Ours afin de se présenter, partager nos motivations pour cette aventure, tout en recevant déjà des enseignements sur la Conscience par le biais de notre hôte.

Étant nombreux, 16 participants, les échanges continuent jusqu’à tard dans la soirée, tout en faisant un petit apéro pour commencer, puis en dégustant notre dernier dîner avant le vendredi suivant. Le retour vers nos campements respectifs se fait ainsi de nuit, à la lumière des frontales et des téléphones. J’arrive assez facilement à ma tente, mais ce n’est pas le cas pour tout le monde.

En effet, je vois arriver Brigitte, la doyenne du groupe à 71 ans, qui ne trouve plus sa tente. Perdue et découragée, elle tourne en rond depuis 30 minutes. Ne pouvant pas la laisser comme ça, je décide de l’accompagner pour retrouver sa tente.

C’est ainsi que nous voici parti à 23h30 dans le noir total de la forêt. On marche beaucoup, presque 6 km en tout sans jamais trouver sa tente. On tourne en rond, les jambes griffées par les ronces, pendant plus d’une heure avant de retrouver le chemin en lisière de forêt. Exténuée et ayant déjà chutée plusieurs fois, Brigitte décide alors de repartir chez Grand-Ours pour y passer la nuit (Elle retrouvera son campement le lendemain matin avec la lumière du jour).

De mon côté, je repars vers mon campement non sans mal, en nage, à presque 1 heure du matin. Finalement, cette aventure commence bien !

Le lendemain, lundi matin, Grand-Ours s’amuse de notre périple nocturne, car comme il nous dit avec malice, tout ce qui se passe avant la quête n’est pas anodin, et représente une partie de ce qu’on faisait dans nos vie. En y réfléchissant, c’est vrai que j’ai souvent accompagné les autres, en étant présent pour eux même si cela signifiait que ce soit au dépend de mon propre bien-être. Et si je suis ici c’est car j’ai souvent tourné en rond, cherchant ma route, mon chemin, ma destinée. Merci pour le premier message !

La hutte de sudation

Après un dernier petit-déjeuner léger (dernier repas avant vendredi soir), et la suite des présentations qu’on n’avait pas terminé la veille, voici le moment de se mettre en route pour la hutte de sudation, rituel ancestral de purification, avec pour commencer la préparation du feu sacré qui va chauffer les pierres, et des petits sacs médecines remplis de plantes des alentours qui vont nous accompagner dans la hutte pour nous prodiguer leurs médecines.

Pendant que Cédric et Camille, les gardiens du feu pour cette hutte, chauffent les pierres, le reste du groupe se prépare à la hutte de sudation par des petites méditations, des purifications à la sauge, … Grand Ours nous explique le déroulement de la hutte : À quatre reprises (4 portes) les gardiens apportent des pierres dans la hutte, en l’honneur des quatre directions, des 4 éléments et de leur gardiens. D’abord le Bison Blanc, puis l’Aigle, le Coyote et finalement l’Ours. 4 Gardiens de ces cardinales. Puis, à chaque porte, on fermera la hutte, dans le noir total, et Grand-Ours versera de l’eau sur les pierres rougies par le feu pour faire de la vapeur. Entre chaque porte, on ouvrira pour rajouter des pierres, boire et faire rentrer un peu d’air frais.

On sent déjà qu’il y a de l’appréhension dans l’air. Moi-même j’ai un peu la nausée et je me pose mille questions dans ma tête : Vais-je arriver à tenir les 4 portes, vais-je vomir, m’évanouir, … ?

Enfin, les pierres sont prêtes, voici le moment de rentrer dans la hutte. On attache nos sacs médecines au plafond de la hutte et on s’installe sur le sol en terre, froid et humide. On est serré les uns contre les autres comme dans une rame de métro à l’heure de pointe.

Première porte, le Nord

Dans le noir absolu, Grand Ours commence à verser de l’eau sur les pierres qui dégagent de la vapeur. Il joue du tambour. Il fait chaud, très chaud. De plus, je suis mal installé, j’ai mal au sacrum, et la structure en bambou me rentre dans le milieu du dos. Je m’accommode de la chaleur mais la position inconfortable me gêne. Des chants fusent, des cris, … Cette première porte est éprouvante et je me demande si je vais pouvoir tenir tout le rituel.

Après un temps indéfini, Grand-Ours appelle les gardiens du feu pour ouvrir la porte de la hutte. La première porte se termine. Il demande si tout va bien et je lui explique ma situation. « Couche toi sur le dos à même le sol » me propose-t-il. Ma première réaction est de lui dire que ce n’est pas possible, qu’il n’y a pas la place. « Si, prends ta place, il y a toujours la place ». Je m’allonge, et effectivement, j’arrive à me tenir allongé, jambes repliées. Le contact avec ce sol frais et humide fait du bien. On boit un peu d’eau, les gardiens du feu remettent des pierres chaudes et ils referment la hutte.

Deuxième porte, l’Est

Et nous voilà parti pour la deuxième porte, celle de l’Aigle et du feu. Je suis bien, mieux installé. Grand-Ours, après avoir généreusement arrosé les pierres d’eau, me demande de lâcher tout, tout ce que je porte sur le dos, tout ce qui me pèse, de m’abandonner complètement et de donner tout ça à la Terre.

Surpris sur le coup, ça me parle alors je m’exécute. Et, les larmes aux yeux et le corps secoué de spasmes, je lâche. Pachamama m’accueille contre elle et je me sens bien, plus léger, apaisé. Je lâche les colères, le contrôle, le feu qui brûle en moi en permanence. Cette deuxième porte est finalement bien plus agréable, moins éprouvante alors que la première était censée être plus douce.

Fin de la deuxième porte, eau fraiche, nouvelles pierres et c’est reparti pour la troisième porte.

Troisième porte, le Sud

Le Coyote facétieux s’occupe de la porte du Sud. Je décide de me rassoir pour cette porte. Dans le noir, Grand-Ours s’amuse à nous envoyer de l’eau. Puis, il nous propose de nous baptiser les uns les autres à l’aide du seau d’eau et du gobelet. Dans le noir, je me fais baptiser par ma voisine de droite, et à mon tour, je baptise celle de gauche.

Cette porte est joyeuse, c’est de moins en moins dur pour ma part mais je perçois que d’autres sont un peu plus bousculés. Le son du tambour a laissé place à de la musique. Hans Zimmer nous accompagne et sa musique nous enveloppe, nous transporte. Dehors, il pleut, on entend l’orage qui gronde. L’Oiseau Tonnerre est là, imprévisible et prêt à nous mettre à l’envers comme le Coyote, mais s’il est là, c’est que nous en avons besoin.

Fin de la troisième porte, la hutte s’ouvre à nouveau. On boit, de nouvelles pierres entrent. Soudain, une pierre glisse et vient me lécher le petit orteil de mon pied gauche. Je sursaute, ça picote ! Grand-Ours rit et me dit : « Le Coyote est joueur, taquin, il veut te faire passer un message. Le côté gauche, c’est le recevoir. Coyote te demande d’apprendre à recevoir ! »

Ma voisine de droite, qui coupe le feu, me propose de me faire un soin. Ma première réaction est de décliner son offre car je peux le faire moi-même. Et soudain ça fait tilt. Punaise, je dois apprendre à recevoir, alors accepte son offre ! Je m’excuse et j’accepte de recevoir son soin, avec gratitude. Pour la petite histoire, je n’ai pas eu de douleur, ni de gêne avec cette brûlure pour le reste de la semaine. Merci Coyote !

Quatrième porte, l’Ouest

L’Ours est le gardien de cette quatrième porte. Je décide de me rallonger au sol, comme beaucoup de mes compagnons. Le sol est frais, boueux. On en a plein les cheveux, le dos mais on s’en fout car ça fait du bien. De nouveaux de la musique, des chants, des rires et des pleurs. Elle passe vite, je ne me souviens pas des détails, à part que je suis complètement détendu, porté par la chaleur, ma musique et les chants.

La quatrième porte se termine, on ouvre la hutte. Comme il reste encore des pierres chaudes, Grand-Ours propose de faire une cinquième hutte à ceux qui veulent, pour l’essence de la vie, le cinquième élément. Nous ne sommes plus que huit à participer à cette dernière porte. On s’allonge au sol, bercé par la chaleur des pierres, la douceur de la vapeur d’eau et la musique. Je lâche un peu plus, des spasmes parcourent mon corps et je libère des émotions enfouies sans savoir lesquelles, et c’est ok comme ça. Autour de moi ça lâche aussi

Départ pour la quête de vision

Fin de la hutte, la porte s’ouvre et je sors le premier. Je l’ai fait, je renais. Malgré la première porte inconfortable, ce fut moins dur que je l’aurai cru.  Je reste un moment accroupi un instant devant la porte. Uranus, le loup blanc chaman vient me lécher le visage comme pour me féliciter. Je me lève et direction la gardienne du feu qui m’attend avec le tuyau d’arrosage pour une bonne douche froide qui revigore et me réveille. JE SUIS VIVANT ! J’ai connu la renaissance de la hutte de sudation et je me sens neuf.

Grand-Ours nous annonce que nous sommes restés plus de 4 heures dans la hutte de sudation. Je n’en reviens pas, nous étions dans un autre espace-temps.

Après une vraie bonne douche salutaire, il est temps pour nous de prendre nos affaires, un bidon de 5l d’eau et de repartir vers nos campements respectifs. Il est 21 heure ce lundi soir, et nous nous reverrons vendredi en fin de journée. Nous partons pour 4 jours et 4 nuits de rencontre avec nous-même. Tout est trempé au camp, et après une petite accalmie, il se remet à pleuvoir. Je rentre dans ma tente et je me couche directement, et je ne tarde pas à m’endormir, bercé par le bruit des gouttes d’eau qui tombe sur ma toile de tente. Je suis vidé et en paix.

Ma quête de vision commence, et les quatre prochains jours vont être … Suite au prochain article

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