Ma quête de vision – 2ème partie

Premier jour de quête

En ce premier jour de quête de vision, je me réveille à 7h. La nuit fut calme et je ne me souviens pas mes rêves. Dehors il fait frais et humide, ça change de chaleur du Sud. Je fais ma toilette du matin, puis je prends une infusion froide comme petit déjeuner. Malheureusement, le hamac étant encore mouillé par le pluie de la veille, je ne peux pas en profiter. De toute façon, il recommence à pleuvioter, ce qui m’oblige à retourner dans ma tente et je ferme tout. Là allongé et hypnotiser par le bruit de la pluie, je ne tarde pas à m’assoupir … jusqu’à 11 h ! Ben dis donc, j’avais bien besoin de me reposer. En temps normal, j’aurais culpabilisé. Mais là, non. De toute manière, il n’y a pas grand-chose à faire de plus et c’est un temps pour moi.

En effet, ces quatre prochains jours, je serai seul avec moi-même, dans mon campement équipé d’une tente et d’un hamac. Sans nourriture, sans livres, sans musiques, sans téléphone, ni internet ou réseaux sociaux. Juste moi, un calepin pour coucher sur papier mon expérience, mes ressentis, mes pensées, mon sac médecine et mon tambour. Pas de balade en forêt non plus, je resterai dans un périmètre d’environ 5 mètres autour de la tente. Heureusement le coin que j’ai choisi est beau.

Je pensais pouvoir noter mes rêves car lors d’une quête de vision les rêves sont importants. Mais jusqu’à maintenant, rien, pas un souvenir de mes songes, juste le coma. Mon corps comme mon esprit a besoin de se reposer, se ressourcer. Et c’est justement le programme de cette première journée.

Reposé après une bonne nuit de sommeil et un première sieste matinale, je sors de ma tente. Au pied de l’arbre qui supporte mon hamac, je décide d’installer un autel. Je ramasse de la mousse sur des troncs d’arbres morts, et je confectionne un petit nid douillet. J’y dépose ma roue de médecine, une bougie blanche et des plumes pour remercier l’esprit de l’Aigle.

J’allume la bougie et je remercie les esprits de la forêt, ceux de la rivière et tout le petit peuple de m’accueillir dans leur royaume pour ma quête de vision. Peut-être viendront-ils jouer avec moi lors de mes méditations ?

En début d’après-midi, j’entends le rire tonitruant de Grand-Ours au loin. Chouette de la visite. En effet, à tour de rôle, Grand-Ours et Cédric viendront nous visite chaque jour pour prendre de nos nouvelles. Voir si on souhaite continuer ou arrêter, et nous apporter un peu d’eau chaude pour une infusion ou un thé. Leur rôle est également d’apporter des conseils, des enseignements. Ressentir où on en est dans notre cheminement ou s’il y a des choses à aller voir.

J’ai hâte de discuter avec lui. Quels enseignements va-t-il m’apporter ? Que va-t-il percevoir en moi ? Comment va-t-il me guider ? Et revoilà le mental qui est reparti au gallot ! Alors je me pose et j’attends malgré mon impatiente. Mais que c’est long ! Je l’aperçois chez ma voisine Dolorès qui a planté sa tente non loin, et ils discutent. Entre temps, Uranus, le berger blanc Suisse de Grand-Ours, vient me dire bonjour. Sentant que je bouillais intérieurement, il vient m’aider à patienter. Le loup blanc chaman est joueur.

Enfin il arrive, tranquillement. On discute, on parle de mon état, de ce que je veux débloquer lors de cette quête de vision. Il évoque la montée de Kundalini, me partage sa propre expérience. Il sent que c’est là, prêt à jaillir, comme le taureau dans le pré derrière mon camp. Présent, dans la matière, bien tanqué au sol. Tout un potentiel qui, petit à petit, bouge et avec l’inertie, une fois en marche, pus rien ne peut l’arrêter.

Grand -Ours voit qu’il y a de ça chez moi, tout est là prêt à jaillir, à débouler. D’un côté, il sent cet enfant intérieur prêt à jouer avec tous les gadgets que l’Univers mettre à sa disposition. Il n’attend que ça. Mais il y a aussi un autre enfant intérieur. Lui est en boule et qui craint de briller, d’être vu, de sortir du cadre. Grand-Ours me conseille d’aller le voir, de le rassurer afin que l’enfant joueur puisse s’exprimer librement, sans peur.

On a beaucoup discuté de son expérience, des « gadgets », nom qu’il donne aux capacités comme la clairaudience, clair sentence, etc … histoire de ne pas trop se prendre au sérieux et redescendre sur terre sur ce que certains appelle des « dons ».  Il me parle par exemple du pendule que je dois laisser aux autres car je dois « aller ailleurs ». Je n’en ai plus besoin, je suis attendu ailleurs. Et comme par hasard, même s’il n’y a pas de hasard, j’ai justement égaré mon pendule lors de ma nuit de randonnée nocturne avec Brigitte !

« Ton pendule est là, au niveau du cœur. Tu es ton pendule ! » Entre deux mots, il me dit sans me le dire que j’ai le potentiel pour être chaman et que de toute façon ce n’est qu’un mot. Je dois accepter qui je suis, éveiller les autres à la voie de l’unité, du retour au Soi unique, la Source, la Conscience, l’Amour !

Après tout cela, il le donne de l’eau chaude et repart comme il est venu, tranquillement avec Uranus à ses côtés. D’autres quêteurs l’attendent.

Il est déjà 15 h et je m’installe dans le hamac repensant à tout ce que je viens d’entendre. Wouah, je voulais de l’enseignement et j’ai été servis. Tout en laissant infusé en moi les paroles de Grand-Ours, j’écoute les bruit du vent dans les feuilles, les oiseaux qui chantent et je me rendors pour … 2 heures de sieste. Je suis réveillé une première fois par Uranus qui est revenu me lécher le visage, puis je sombre à nouveau, sans pouvoir me souvenir de mes songes encore un fois.

Enfin réveillé, je m’octroie une petite séance de Chi-Kung afin de bien m’ancrer, puis je prends mon tambour, sentant son appel. Et je joue. Debout, dans le hamac, pour les vaches dans le pré, pour la nature, pour moi. Je me laisse porter par la vibration de la peau, laissant venir le rythme et la force de frappe. Lorsque je m’arrête, j’entends au loin que d’autres compagnons quêteurs ont eux aussi sorti les tambours. Les entendre me connecte à eux, on se soutient mutuellement dans cette épreuve.

Bizarrement, je ne ressens pas la faim, juste un petit mal de tête mais qui est normal en ce début de jeûne, mon corps se détoxifiant. Le soir arrive, le temps passe vite et lentement à la fois. Je rentre dans ma tente, la nuit tombe et avec elle corbeaux et corneilles arrivent . Je les entends tourner autour de ma tente, croassant et volant de branches en branches. Ça craque dans toutes les directions.

Deuxième jour de quête de vision

Je me réveille vers 6h mais au lieu de me lever, je somnole encore jusqu’à presque 9h, laissant la nature et les oiseaux s’éveiller avant moi. Après la toilette matinale et quelques étirements salutaires, direction le hamac pour coucher sur le papier les événements de la veille. Alors que je suis absorbé dans mes souvenirs, un pic-vert se fait entendre dans un grand chêne à côté de moi.

Puis, après avoir allumé la bougie de l’autel, je me lance dans une petite session de tambour et hochet chamanique. Je joue sans intention particulière, juste pour le plaisir de jouer.

Cédric, mon visiteur/guide du jour, arrive en début d’après-midi. Il prend de mes nouvelles puis on a de beaux échanges sur nos parcours, nos points d’intérêts communs comme les runes, … Voyant un très grand hêtre (ou en tout cas ce qu’on pensait être un hêtre) à coté de ma tente, il m’invite à me poser contre lui, à sentir ses racines afin de me reconnecter à mes propres racines et retrouver mon « être ». Mon arrière-grand-mère chamane, Maria Antonia n’attend que ça pour discuter avec moi, me transmettre son savoir.

Sur ce, il me donne mon eau chaude et s’en va voir un autre quêteur. Je suis reconnaissant de cet échange avec lui, et après son départ, je vais m’assoir contre l’arbre pour méditer avec lui, mais rien ne vient. Ok, ce n’est pas le moment.

Me sentant las, je retourne m’installer dans le hamac et je me laisse bercer par le vent et le chant mélodieux des oiseaux. Et me voilà parti pour une autre sieste de deux heures. Qu’est-ce que j’aurais dormi lors de cette quête !

Après un temps de contemplation de la nature, je retourne contre l’arbre mais avec mon tambour cette fois ci. Et je joue, doucement pour commencer, puis ça s’accélère, le rythme change et je joue plus fort. Quand je m’arrête de jouer après un temps indéfinissable, je me sens bien, en paix.

Je remarque que depuis c’est deux jours de quête je suis plutôt calme, apaisé. Je ne souffre pas de la faim même si parfois je pense à un bon repas. Mais c’est moins éprouvant que je me l’étais imaginé. Le temps est parfois long, je tourne un peu en rond, mais je ne peux pas dire que je m’ennuie ou que je regrette d’être là. J’observe, j’accueille, je contemple.

Mon mal de tête est passé, et à part les douleurs au bassin la nuit je vais bien. Je ne sens pas ma brûlure au pied que je me suis fait lors de la hutte de sudation . Merci pour le soin, et merci au Coyote pour son enseignement. Je m’autorise à recevoir car je le mérite. Il est temps de faire tomber l’armure, d’être vulnérable, d’accepter l’aide des autres même si je peux le faire par moi-même.

Et puis comme dit Grand-Ours, je suis la conscience et la conscience est invulnérable. Christian a le droit d’être invulnérable dans sa corporalité matérielle, alors que « je suis » infini et invulnérable, c’est l’essence de mon être.

Finalement, le moment le plus compliqué, le plus long de la journée c’est le soir. Heureusement il fait jour tard, mais dès 21h30, je rentre dans ma tente car les nuits sont fraîches. Le temps est long enfermé, et vers 22h30 je décide d’éteindre et de dormir. La nuit est agitée et je somnole plus que je ne dors. Inconsciemment, ça travaille !

Troisième jour de quête de vision

Comme ces derniers jours, je me réveille tôt car j’ai mal au sacrum. Malgré mon matelas gonflable, c’est dur au sol. Je décide alors de me mettre avec mon sac de couchage et mon oreiller dans le hamac, et je fini ma nuit là jusqu’à 9h passé. Je prends mon temps pour sortir du hamac et après mon infusion du matin et ma toilette, je tire une rune pour avoir l’énergie de la journée. C’est la rune Isa. Bon, introspection, solitude, réflexion : j’ai le programme de la journée !

Je me rends compte que j’avais oublié de noter les runes que j’avais tiré les deux premiers jours de quête. Le premier jour Ansuz s’est présentée à moi. Connaissance, communication avec l’invisible, ça résume bien ma première journée. Le deuxième jour, ce fut Tiwaz, l’équilibre, la guidance, la justice et le sacrifice personnel vers la réalisation d’un objectif. On y est en plein dans le mille !

Je retourne m’assoir dos contre l’arbre pour une méditation de 30 minutes, et je me sens apaisé, calme. Je n’ai rien senti de particulier, mais ça a fait sa magie. Grâce à Grand-Ours, je comprendrais plus tard dans la journée pourquoi.

En parlant du chaman, je l’entends au loin. Vu que l’ours est bavard, il devait être là d’ici 2h/2h30.

En attendant, je retourne dans le hamac pour patienter et profiter du spectacle que m’offre la nature. Au fil de la journée, la lumière et avec elle les couleurs évoluent, la vie de la forêt changent. Que c’est beau !

Et voilà que Grand-Ours arrive, devancé par Uranus qui me dit bonjour en me faisant la fête. La discussion dure presque 1H30 ? Je lui dis que je vais bien, que je suis calme et serein. Il confirme, sentant plus de douceur en moi. Le travail de la quête ce fait même si ça ne m’a pas chahuté.

Et je comprends pourquoi quand je lui explique que j’ai médité comme me la conseillé Cédric au pied du hêtre à côté de ma tente. Or, Grand-Ours m’annonce que ce n’est pas un hêtre mais un chêne ! La médecine du chêne fait tomber les chaînes, permet de lâcher-prise. Tout s’explique !

Il me demande également pour la Kundalini, et je lui réponds que je me suis autorisé à avoir ma monté de Kundalini, je l’accepte et je l’accueille mais sans me mettre la pression. « Bien, ça viendra la moment opportun » me répond-t-il.

Il me dit de ne pas écouter ce qu’il va me dire, pour ne pas trop me focaliser dessus. Il sent que je vais passer un cap, changer de braquet. Comme si je passais du collège au lycée. Ma pratique va changer, je suis prêt et il faut me faire confiance. Les « gadgets » vont arriver bientôt également. Chouette, je vais pouvoir jouer !

Je lui parle du loup que j’ai souvent vu ces derniers jours juste avant de m’endormir, ou lors des méditations. On discute du rôle du thérapeute, de son expérience, ma pratique, mes envies .C’est tellement fluide et passionnant que je pourrais passer des heures à discuter avec lui, ou simplement l’écouter.

Mais le temps passe et il doit allez voir mes compagnons. Il me laisse de l’eau chaude comme d’habitude, et repart tout en me donnant rendez-vous à demain pour la fin de la quête. Eh oui, demain la quête sera déjà finie, mais comme me dit le chaman, elle va durer encore jusqu’à notre départ dimanche, voir pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois après.

Après son départ, retour dans le hamac pour me poser et réfléchir à tout ce qu’il m’a dit, contempler la nature, rêvasser et notamment nourriture, repas, restaurants, victuailles, car même si je jeûne se passe bien, je rêve de manger !

Vers 18h, petit solo de tambour qui part tout doucement, puis la frappe est plus forte, d’une belle sonorité qui enveloppe la forêt, puis s’adoucit avant de s’arrêter. J’entends des tambours au loin et des cris. On communique entre nous à travers la vibration des peaux tendues.

Retour dans le hamac mais je n’arrive pas à me poser ou à dormir, je me lève pour marcher un peu et je trouve une plume de corbeau. Merci pour le cadeau ! Le temps est long aujourd’hui, ce doit être l’impatience d’être à demain afin de pourvoir manger. Quand je pense que mon dernier repas date de lundi matin, 2 œufs durs et 2 wasas beurrés arrosé d’une tasse de café, et là nous sommes jeudi soir . Je ne pensais pas pouvoir tenir si facilement sans manger !

Pour patienter, je décide de retourner dans le hamac pour noter dans mon carnet les évènements du jour et mes ressentis. En y réfléchissant, j’ai eu beaucoup d’enseignements de la part de mon environnement.

Par exemple, les pic-vert me montre qu’il faut percer mon écorce, ma carapace, aller chercher en profondeur la « vermine », ce qui est enfoui. Il est associé à l’initiation et au renouveau, rappelant souvent l’importance d’accueillir les changements avec ouverture et curiosité. Ce petit percussionniste, est un maître de la communication. Il rappelle que notre voix est un outil puissant, capable de creuser profondément pour révéler la vérité, tout comme le Pivert creuse dans le bois pour trouver sa nourriture.

Et que dire de la rivière derrière mon campement. Elle est là, impassible, présente mais jamais identique car l’eau qui coule n’est jamais la même. Elle symbolise l’impermanence de toute chose, le fait de laisser couler les soucis, comme l’eau coule en son sein.

Les heures s’égrènent lentement jusqu’à la tombée de la nuit. Encore une fois les soirées sont longues, surtout que le sommeil ne vient pas ? Je tourne, me retourne, je me sens à l’étroit dans mon sac de couchage. Et tout d’un coup, je décide de rallumer mon téléphone, et de regarder un maga sur internet.

Quoi me direz-vous ? Mais on n’a pas le droit lors de la quête de vision. Je sais, et j’en ai parlé à Grand-Ours devant le groupe après la quête. Il m’a dit que ce n’était pas grave, c’est la médecine du Coyote, qui fait toujours tout à l’envers. La vie est un jeu et il faut avoir parfois transgresser les règles ! Cette nuit-là, comme les dernières, je somnole plus que je ne dors.

Quatrième jour de quête de vision

Je me réveille une première fois vers 6h, puis complètement vers 7h30. Dans l’intervalle, je rêve de ma famille, de mes frères et sœur. On se dispute, je leur dis leurs quatre vérités. Même si ce n’est qu’en rêve, au moins c’est dit !

Je me lève pour vider ma vessie et surtout pour aller m’installer confortablement dans le hamac pour finir ma nuit, il est plus confortable que le matelas. Je me rendors jusqu’à 10h15. J’en avais besoin après les nuits difficiles. Il faut dire que la pleine lune est dans 2 jours, ça ,n’aide pas.

Comme c’est le dernier jour, je ne me lève pas tout de suite, souhaitant profiter une dernière fois de ce réveil dans le calme, dans la forêt, avec le chant des oiseaux, les paillons qui volent, le tac-tac-tac des pic-verts. Je m’émerveille encore une fois de la lumière, des couleurs, la profondeur de ce camaïeu de verts. C’est magique et touchant.

Il fait lourd aujourd’hui, e ciel couvert d’un voile blanc. Il est presque 11h quand je décide de sortir du hamac pour boire ma tisane froide. Après ma toilette, je commence à ramasser mes affaires et faire mes bagages. A midi, l’essentiel de mes affaires est prêt. Il ne me reste plus qu’à plier la tente et le hamac, mais ce sera pour plus tard.

Direction le hamac pour lézarder encore un peu. La faim commence à se faire sentir sachant la fin de la quête proche. Je rigole tout seul en pensant que la faim arrive quand la fin arrive !

Pour patienter, je prends mon carnet pour noter les derniers événements, puis dernière méditation auprès du chêne qui m’a tellement aidé à lâcher-prise. Je joue pour lui, pour la forêt et son peuple invisible, les animaux, les insectes, les oiseaux.

Vient le temps de plier la tente, et de fermer l’espace sacré que j’avais ouvert autour de mon campement pour ces quatre jours. Vers 15h, sachant que la fin de la quête allait être annoncé vers 15h30/16H, je plie le hamac afin d’être fin prêt le moment venu.

15h30, 15h45, 16H, … Toujours pas de Grand-Ours et son tambour pour annoncer le retour à la vie normale. Que c’est long ! Je suis impatient et j’ai des hallucinations auditives croyant entendre un tambour alors que non, ce n’est que l’écho de la moissonneuse-batteuse dans le champ derrière.

Et finalement, vers 16H30, Grand-Ours déboule avec son tambour et Uranus, annonçant officiellement la fin de la quête. Je ramasse tous mes sacs, et je rejoins le chemin qui longe la foret jusqu’à la maison du chaman. La chaleur me tombe dessus dès la sortie des sous-bois. Finalement, on était bien dans la fraicheur de la forêt. Le trajet ne prend pas plus de 5 minutes, mais à jeun, chargé comme une mule avec cette chaleur, ce n’est pas facile.

Enfin, j’arrive en compagnie de certains de mes amis quêteurs dans le jardin de Grand-Ours. Les traits sont tirés mais on sent la satisfaction d’avoir accompli quelque chose. Le reste de mes compagnons arrivent au compte-goutte, certaines faisant le trajet en plusieurs fois pour rapporter toutes leurs affaires.

Après une bonne douche salutaire, on se retrouve pour le repas du soir qui nous parait comme un festin, alors que ce n’est que des jus de légumes, et des crudités. Il faut manger léger pour la reprise. Masi demain soir, pour le dernier repas ensemble avant le départ, c’est un banquet bien gaulois que nous a promis Grand-Ours : barbecue frites ! En attendant, on savoure nos légumes, on rigole, on échange. Demain, la journée sera consacrée au retour de la quête, et pas que …

Retour de quête

Le lendemain matin, nous nous retrouvons tous ensemble pour le petit-déjeuner. Bien que le jeûne se soit passé pour moi plutôt facilement, que c’est bon de manger !

Après le petit déjeuner, Grand-Ours nous invite à nous regrouper dans le grand tipi du conseil pour faire une céremonie du calumet de la paix, durant laquelle nous allons méditer avec Grand-père Tabac pour le remercier des épreuves vécues lors de la quête. Tout en écoutant la musique que le chaman a lancé, je sens une émotion qui monte et qui me fais venir les larmes aux yeux. C’est beau et je me sens apaisé.

À la suite de cette cérémonie, nous nous retrouvons dans le jardin pour, chacun son tour, parler de son expérience lors de cette quête. Il y a beaucoup de gratitude, de belles paroles, et lorsque c’est nécessaire, le chaman en profite pour faire un soin en nous faisant participer. Et justement, lors d’un soin sur une personne, Grand-Ours m’invite à utiliser ma psycho-magie pour l’aider. Je suis surpris sur le coup mais je m’exécute. Cela dure de longue minute et finalement l’apaisement arrive. Je suis reconnaissant à Grand-Ours de m’avoir mis sur le coup, me donnant une certaine légitimité, même si je n’en ai pas besoin.

Sur d’autre soins, ça danse, ça pleure. Grand-Ours, joueur et ne se cantonnant pas aux soins traditionnels, utilise une playlist des plus étonnante : la musique de l’exorciste, Hakuna Matata ou encore la reine des neiges s’enchaînent sur l’enceinte. Et le plus fou c’est que ça marche. Moi-même, qui n’avait jamais vraiment écouté les paroles de le reine des neiges, je fonds en larme tellement elles me parlent et me touchent. Merci Grand-Ours pour me montrer que le chamanisme ce n’est pas que les plumes et le tambour !

Chaque blessures des autres parlent au groupe, elles font échos avec nos propres failles. Encore une fois, le groupe ne s’est pas monter au hasard.

Après ces échanges forts en émotions, nous avons droit à un petit temps de détente entre piscine, jacuzzi et finalement apéro avant le banquet final.

On mange, on boit, on rigole. Comme le dit si bien Grand-Ours, c’est ça aussi le chamanisme, c’est célébrer la vie, s’amuser ! Après le repas, Grand-Ours ressort l’enceinte nous voilà avec l’ambiance boite de nuit. Je pars me coucher vers 1h du matin, sous l’orage qui gronde et la pluie qui tombe fortement, tandis que certains resteront debout à danser jusqu’à 4h du matin.

Le lendemain, le petit déjeuner est à la fois joyeux et triste. Joyeux de partager un dernier repas ensemble, et triste de devoir déjà se quitter alors qu’on vient à peine de se rencontrer.

Je tiens à remercier Grand Ours et Cédric pour leur présence et leur accompagnement lors de cette quête de vision. Énormément de gratitude également à toutes mes compagnes et à mon compagnon de quête car l’énergie de ce groupe qui a fait de cette quête ce qu’elle fut. Alors merci à Gwenaël, Armelle, Tess, Stéphanie, Natalia, Estelle, Laurie, Brigitte, Camille, Clotilde, Emmanuelle, Dolores, Florence, Julie et Alexandre. Sans oublier Uranus, le loup blanc qui nous enseigne à quelle point l’amour et l’instant présent ce vit facilement !

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